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Pourcentage actuel de la planète préservée et sauvage

23 %. Voilà la part des terres émergées encore qualifiées de « sauvages » par les experts internationaux, une donnée brute, sans fard, qui résonne comme un signal d’alarme. Hors zones polaires et déserts, ce chiffre, déjà faible, s’effondre à moins de 15 % si l’on ne retient que les espaces réellement favorables à la biodiversité. Pendant ce temps, la disparition accélérée des espèces atteint des niveaux jamais vus depuis l’extinction des dinosaures.

Chaque année, les grandes plaines se rétractent, grignotées par les cultures, les routes, les mines. Les villes s’étendent, les industries avancent, et les frontières des derniers sanctuaires naturels reculent. Certes, de plus en plus d’aires protégées apparaissent sur les cartes, mais, sur le terrain, la fragmentation gagne du terrain, rendant la protection de la faune et de la flore toujours plus complexe.

Où en est la planète sauvage aujourd’hui ? Chiffres clés et état des lieux

Moins d’un quart des terres et 8 % des océans profitent actuellement d’un statut de protection officiel. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) estime que les aires protégées couvrent environ 16 % des terres, tandis que la part des océans concernés ne dépasse pas 7,7 %. Ces espaces marins restent souvent fragmentés, isolés, loin d’assurer la cohésion des grands écosystèmes. Les données du rapport WWF dressent un constat sans appel : en quarante ans, les populations d’animaux sauvages ont chuté de près de 70 %, un effondrement qui porte la marque de la sixième extinction de masse.

La Liste rouge UICN compte aujourd’hui plus de 42 000 espèces menacées, un tiers d’entre elles étant en danger critique. Ce phénomène ne se limite pas à une poignée de pays lointains. Même la France, riche de ses sites protégés et forte d’une stratégie de conservation bien établie, voit fondre la diversité de ses espèces emblématiques.

Voici quelques données qui illustrent l’état actuel des espaces naturels :

  • 23 % des terres émergées restent classées « sauvages » (hors pôles et déserts)
  • Moins de 15 % de la surface planétaire bénéficie d’une protection forte et effective
  • Selon l’IPBES, près d’un million d’espèces animales et végétales risquent de disparaître

La dynamique s’accélère sous l’effet du changement climatique. La fragmentation des habitats, la pollution, la surexploitation ou l’agriculture intensive rongent chaque décennie les derniers refuges naturels. Beaucoup de zones protégées n’existent que sur le papier, faute de moyens ou de volonté politique. Partout dans le monde, la protection de la nature se heurte à la pression démographique, à la soif de ressources, à l’absence d’un cap commun solide.

Pourquoi préserver la biodiversité reste vital pour l’humanité

Préserver la biodiversité, ce n’est pas seulement sauver des espèces pour la beauté du geste. C’est assurer notre propre survie. La moindre goutte d’eau potable, la fertilité d’un sol, la pureté de l’air ou la pollinisation qui permet nos récoltes : tout cela dépend de chaînes d’interdépendance invisibles mais décisives. L’IPBES l’estime : près de 50 000 milliards de dollars d’activités économiques annuelles reposent directement sur la nature et ses services écosystémiques.

La disparition des espèces mine les fondations du développement durable. L’Organisation des Nations unies place la préservation de la nature au cœur de ses objectifs pour l’avenir. Maintenir la biodiversité, c’est garantir la capacité à nourrir la population mondiale, donner de la résilience à l’agriculture, et soutenir une économie circulaire tournée vers le renouvelable.

Quelques exemples concrets permettent de comprendre l’ampleur de notre dépendance :

  • Plus de 75 % des cultures mondiales dépendent directement des insectes pollinisateurs
  • La régulation du climat et la prévention des catastrophes naturelles s’appuient sur des écosystèmes en bonne santé
  • La diversité génétique est une ressource-clé pour la recherche pharmaceutique et la santé humaine

Quand les milieux naturels se dégradent, ce sont les pandémies qui se multiplient, les récoltes qui s’écroulent, la précarité alimentaire qui s’étend. Sauvegarder la biodiversité, c’est donc défendre une sécurité collective, un horizon viable pour nos sociétés et celles qui suivront.

Garçon dessinant dans un paysage sauvage

Face à l’urgence écologique, quelles actions concrètes pour protéger les derniers espaces naturels ?

La préservation des espaces naturels ne relève plus d’une posture altruiste : elle s’impose face aux limites physiques de la planète. Les chiffres relayés par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et l’Union internationale pour la conservation de la nature montrent l’ampleur du défi. Moins de 23 % des terres et à peine 8 % des mers disposent aujourd’hui d’une protection reconnue à l’échelle mondiale. C’est loin des recommandations des scientifiques, qui préconisent de protéger entre 30 et 50 % de la surface terrestre, comme le défendait Edward O. Wilson ou le projet Global Safety Net.

Les aires marines, les réserves terrestres ou encore les zones humides d’eau douce jouent le rôle de boucliers face à l’érosion de la biodiversité. La COP15 a fixé un nouvel horizon : atteindre 30 % de protection planétaire d’ici 2030. Ce cap implique une mobilisation politique forte, une coordination entre États, une implication concrète des communautés locales et des peuples autochtones, souvent les premiers gardiens des territoires préservés.

En France, l’Office français de la biodiversité et le réseau Natura 2000 multiplient les démarches pour mieux gérer les sites protégés et restaurer les liaisons écologiques. À l’international, la CITES et la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification s’efforcent de réguler le commerce des espèces en danger et de limiter l’artificialisation des milieux. L’élargissement des aires protégées, la reconnaissance de droits pour les écosystèmes et la valorisation des savoirs autochtones font partie des leviers à actionner.

Si rien ne bouge, le réchauffement climatique continuera de fragmenter les habitats, de faire disparaître les espèces, de transformer le vivant en souvenir. Préserver ce qui reste exige une vigilance constante, un engagement politique durable, et l’alliance active entre la science, la société civile et les citoyens. L’avenir des derniers espaces sauvages se joue maintenant, à l’échelle de chaque décision.